Commode laïcité

L’UNSA-Éducation, principale fédération des personnels de l’enseignement supérieur, va saisir le Conseil constitutionnel dans les prochains jours contre l’accord signé le 18 décembre dernier entre la France et le Vatican, qui établit la reconnaissance par la France des diplômes délivrés par des établissements catholiques. Parallèlement, un « collectif pour la promotion de la laïcité » va saisir le Conseil d’État pour obtenir l’annulation du décret officialisant cet accord, publié le 19 avril dernier. Dans la première démarche, c’est le principe constitutionnel de laïcité qui est invoqué, et qui serait remis en cause par cet accord. Outre qu’il est étrange que cet appel solennel à la laïcité soit également lancé par le Grand Orient, on ne voit pas bien quelle entorse à la laïcité peut bien représenter la simple reconnaissance en France de diplômes délivrés par des établissements catholiques français.

La raison de fond apparaît dans la seconde démarche : le « collectif pour la promotion de la laïcité » avance que cet accord, qui découle du Processus de Bologne, remet en cause le principe du monopole public de la collation des grades. Une fois l’argument consensuel de la laïcité avancé, la véritable crainte des opposants à cet accord est donc que l’on s’achemine, avec la construction européenne, vers une liberté académique au niveau universitaire que la France ne connaît plus depuis la fin du XIXe siècle.

Nous ne pouvons bien sûr qu’espérer que cet accord contribuant à libérer l’enseignement supérieur français ne sera pas annulé.

A lire également, sur le site de l’IRIE : Accord Etat français-Vatican : les partisans du monopole éducatif s’affolent .

Roman Bernard

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5 Réponses to “Commode laïcité”

  1. tri fouilli Says:

    Ne touchez pas aux curés….

  2. marike Says:

    Je ne suis pas sûre du bien-fondé de votre conviction, voici pourquoi : comme professeur de lettres protestant, j’ai fait le tri d’un fonds de bibliothèque dans une école privée catholique et j’ai retrouvé des documents extraordinaires : comment on enseignait le français en 1901 dans les écoles privées catholiques : livres d’exercices, etc…
    1) D’abord un très haut niveau d’enseignement pour les collèges, ce qui ne vous étonnera pas (orthographe, vocabulaire, style…)
    2) Mais ensuite, il faut bien le dire, un « bourrage de crâne » « catholique » incroyable où tout, même la science, les sciences naturelles, était passé à la moulinette catholique, avec de grossières déformations. des dictées de phrases inventées pour l’édification…Enfin un lavage de cerveau en règle. Peut-on être sûr que cela ne reviendra pas ?
    3) Toutefois,actuellement, je constate l’inverse se produire dans l’enseignement laïc : la plupart des textes à visée spirituelle, ou même simplement morale, parfois, sont bannis de l’enseignement ;
    nos grands poètes Victor Hugo ou Lamartine ne sont plus connus que comme hommes politiques -avez-vous été au musée Lamartine à Mâcon ? Pas la trace d’un seul poème …Même pas « Le Lac »… etc.
    Conclusion : respectons notre enseignement laïc, dans sa richesse, sa diversité et sa tolérance, et nous n’aurons plus besoin alors de vouloir deux enseignements, qui risquent de n’être objectifs ni l’un ni l ‘autre…

    • soseducation Says:

      Justement, ne pensez-vous pas que le pluralisme est la meilleure garantie de la laïcité ? Par ailleurs, la reconnaissance d’un diplôme catholique n’implique nullement une équivalence avec les autres diplômes français.

  3. Protop Says:

    « remet en cause le principe du monopole public de la collation des grades. »
    Ca c est la mort de l education… du socle commun etc. Quelle valeur donner, a des diplomes si il n existe pas un referentiel commun…

    • soseducation Says:

      Si le monopole public de la collation des grades est supprimé, la valeur des diplômes sera garantie par… l’expérience. Les bons diplômes seront ceux qui auront été délivrés par les écoles dont la réputation sera bonne. C’est d’ailleurs déjà le cas : une licence acquise à Paris-Dauphine n’a pas la même valeur qu’une même licence décrochée dans une université moins prestigieuse. Il s’agit donc de sortir de l’hypocrisie en laissant la libre concurrence des diplômes permettre l’émulation des formations, et donc des enseignants et des établissements. L’éducation n’en mourra donc pas.

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